Merci à sœur Bénédicte et Basile Jabveneau pour leur attention et leurs mots vivants…

Ivana, ma sœur de cœur

J'aime ton regard, doux comme ta voix, ourlée d'un accent aux lointains horizons. A la manière d'une caresse, ils enveloppent ce qui t'entoure d'une tendre bienveillance. Tu glanes tes images avec délicatesse, en passant, sans rien déranger à l'ordonnancement du monde.
Tes origines slaves - née il y a 66 printemps...à Prague, la ville magique aux cent tours - ont façonné, ton imaginaire où l'icône est reine. Ecrire avec la lumière, n'est-ce pas le rêve de la longue chaîne des artistes qui t'ont précédée ?
Avant d'arriver à accoucher de tes photographies, tu as mis au monde Thalia et Iona. « Elles ont fini de me 'nettoyer' la nostalgie, dis-tu en confidence. J'ai senti que 'je prenais racine' dans le pays de leur naissance, la Provence. » Je suis sûre que ton Marseillais de mari porte aussi sa part de responsabilité dans ta nouvelle stabilité.
Tes images, invitent à contempler les choses simples, mais déjà transfigurées, à leur offrir l'hospitalité. « Il me semble que le silence dilate en moi une perception plus aiguisée de la nature. La patience permet d'attendre l'instant précis et précieux d'un reflet, d'une teinte, d'un mouvement, hors du commun, dans un sujet qui pourrait passer pour banal. La curiosité aussi, dans un élan joyeux et admiratif ! »
« Mon appareil à la main, je suis pleinement là ! Pleinement attentive, tendue et détendue vers ce qui m'entoure, dans une espèce de communion...C'est une sensation extraordinaire qui me fait perdre conscience du temps. » Par avance, nous pardonnons tes retards, tes oublis, ta radieuse étourderie.
« En cueillant des photos (je n'aime pas les 'prendre'), je suis dans mon être, en vie, en relation avec le monde. C'est un cadeau du ciel pour moi qui me sens souvent 'décalée', 'à part', de découvrir que ma façon de percevoir la nature touche  mon entourage. J'ai l'impression que petit à petit ma vie entière prend un sens... je découvre 'ma place'... »
Mille fois merci de vivre le présent comme un cadeau. Avec toi, nous sommes multitude à choisir l'émerveillement. Ivana, merci de nous entraîner à chanter la beauté de la Création, envers et contre tout, à prendre soin de la Terre, notre Mère. Une urgence. Une posture de résistance non violente. Tu en brandis l'oriflamme, « Oh ! Coquelicot », titre de notre dernière expo.
« Une aventure en tandem » à renouveler.
Bises ébouriffées de Mistral !
Bénédicte, la contemplative.


Texte écrit par sœur Bénédicte pour le Portfolio qui m'a été consacré  dans les Carnet du Ventoux n° 113  automne 2021.

Lien ici :

www.editions-espritdeslieux.com/product-page/carnet-du-ventoux-n-113

Un regard humble sur la nature…

Je me revois découvrir pour la première fois les photos d'Ivana...
Ça fait quelques années qu'on commence à se connaitre, Ivana et moi, et pour cause, c'est la maman de ma compagne. Je savais bien qu'elle adorait passer du temps dans la nature, et qu'elle s'appliquait à prendre de belles photos. Mais dans un premier temps, c'était des clichés ponctuels, parfois pris dans un but professionnel ou pour le simple souvenir d'un moment passé.
Et puis, l'intention a changé. D'un passe-temps agréable, la photographie de la nature est devenue une passion. Une passion qui s'est concrétisée en projets.
C'est donc timide et incertaine - comme tout artiste qui se confronte pour la première fois au regard d'autrui - qu'un beau jour de 2016, Ivana nous présente à sa fille et moi sa sélection de photos pour une future exposition dans un monastère.
J'ai tourné les pages, et chaque fois quelque chose faisait écho au fond de moi, me laissant dans une émotion inattendue. Une sorte de poésie franche se dégageait de ces photos.   J'ai levé les yeux, et j'ai seulement pu dire : "Je suis époustouflé". Je n'en revenais pas.
Bien sûr, certains clichés me laissaient inchangé, et tout n'était pas digne d'être retenu. Mais le regard du photographe ne peut s'affûter qu'à force de patience, d'essais, de travail, et d'expérience. Et déjà tant d'émotion dans cette sélection !
Depuis, notre photographe a exposé ses photos à plusieurs endroits, de Marseille à Paris, et son coup d'oeil progresse encore. Qui suis-je pour en juger ? Un simple être sensible... tout comme la photographe elle-même. Et c'est peut-être bien dans cette sensibilité que réside son secret.
 Emerveillée par la Nature qui l'entoure, engagée aussi, elle pose un regard d'une grande humilité et d'une sincérité nue, sans artifice ni tromperie. Tout cela imprime ses photos aussi sûrement que son sujet. Et c'est ce regard intime, tout empli de ce qui fait battre son coeur et vibrer son âme, qu'elle parvient à nous faire partager.
Parcourant la campagne en toute saison, rien ne presse. Patiente, elle saisit la beauté d'un instant s'il se présente à elle. Pour cela, elle peut toujours compter sur son fidèle appareil photo dont elle ne se sépare jamais. Parfaitement à l'aise avec son outil, ses images nous parviennent telles qu'elles, sans retouche, sans post-traitement.
Bien trop souvent aujourd'hui, je vois de belles photos gâchées car exagérées, sur-réelles. A l'époque du trop numérique, ce choix de ne pas impliquer l'informatique s'inscrit parfaitement dans la simplicité de la démarche d'Ivana. Et cela contribue probablement à insuffler à ses photos l'authenticité du regard humain.
Aujourd'hui, plus confiante à l'idée de partager son regard, elle continue d'observer avec plaisir et minutie la nature qui l'entoure, qui nous entoure... Et tente d'en capter quelques instants fugaces sur son appareil afin de pouvoir en partager la beauté et la poésie.

Basile Jabveneau